Être salarié en entreprise et exercer en parallèle une activité non salariée, c'est possible, c'est être Salarié ET indépendant en même temps. C'est ce qu'on appelle être pluriactif, ou "slasheur". Et c'est même une tendance de plus en plus forte en France. Alors comment ça fonctionne, qui est concerné et quel impact pour sa retraite ? On vous explique tout.

I- La tendance de la pluriactivité - le slashing

Alternativement prof de maths et photographe, graphiste et consultant, les pluriactifs sont appelés slasheur (en référence à la barre oblique du "et/ou" appelé slash en anglais).

De plus en plus nombreux et visibles, ils seraient 4,5 millions en France. Ils cumulent les emplois et les statuts professionnels. Ces personnes aux multiples casquettes n'ont pas tous le même statut ni la même façon de vivre leur pluriactivité : 77% d'entre eux cumulent plusieurs emplois salariés et 23% d'entre eux cumule emploi et activité non salariée (indépendant).

Pour certain, c'est l'augmentation de revenus qui les encourage à exercer plusieurs activités, pour d'autres, il s'agit de s'épanouir dans leurs projets personnels.

Dans tous les cas, on en retient un élément essentiel : nos carrières sont de moins en moins linéaires, et notre rapport au travail évolue. Le "future of work" est déjà présent dans nos vies et il rebat les cartes de la protection sociale et de la préparation de sa retraite.

II- Cotisations retraite pour les pluriactifs / slasheurs

On le rappelle, la retraite en France a trois composantes : un régime de base, un régime complémentaire et les dispositifs supplémentaires. Les deux premiers régimes sont obligatoires alors que le dernier est facultatif. Ceci est vrai quel que soit votre statut professionnel et/ou votre cumul d'emploi (salarié ou non). On vous le présente en détail dans cet article (explication simple du système de retraite en France).

En résumé, que vous soyez indépendant ou salarié, votre retraite de base se calcule à partir de :

  • votre secteur d'activité ;
  • votre chiffre d'affaires si vous êtes indépendant, et de vos salaires si vous êtes salarié ;
  • votre nombre de trimestres travaillés.

Que votre activité d'indépendant soit l'activité principale ou secondaire, cela n'a pas d'incidence pour vos droits à la retraite, car les droits retraite sont acquis de façon cumulée en fonction du chiffre d'affaires réalisé au travers de votre activité d'indépendant et au travers de vos salaires en tant que salarié.

Cotisation pour le régime de base :

  • il vous faut valider 172 trimestres pour percevoir à votre retraite à taux plein, qui est environ égal à 50% de votre revenu annuel moyen. Ce dernier est la moyenne de vos meilleurs revenus annuels (de 10 à 25 années, selon votre situation).
  • Si vous ne validez pas le nombre minimum de trimestres requis, deux options s'ouvrent à vous. Vous pouvez prendre votre retraite avec un taux minoré ou continuer de travailler jusqu'à l'obtention de ce minimum.
  • Vous pouvez cumuler les trimestres si vous avez plusieurs activités. Mais attention, au maximum, vous pouvez valider 4 trimestres par an.

Ce qui rend les choses compliquées, c'est qu'il existe un régime général pour les salariés et un régime social des indépendants pour les freelances.

Pour qu'un salarié valide ses trimestres, il doit toucher un minimum annuel que l'on détaille dans le tableau ci-dessous :

Pour qu'un indépendant valide ses trimestres, il lui faudra lui générer un Chiffre d'Affaires minimum, dont les seuils sont différents en fonction de l'activité :

Cotisation pour le régime complémentaire  :

Les salariés du privés seront affiliés à AGIRC-ARRCO, alors que pour la retraite des auto-entrepreneurs, les artisans, commerçants et industriels seront affiliés à la CNAV. Chaque caisse a ses propres règles, et donc pour un montant égal de cotisations, un salarié et un indépendant pourraient toucher des pensions différentes.

Dans le cas d'un salarié, il va cotiser avec son employeur alors pour les cotisations retraite auto-entrepreneur, celui-ci supporte seul cette charge. Lire l'article ici pour en savoir plus sur les évolutions de la retraite pour les indépendants, dont les nouveaux taux de cotisations.

Cotisation pour les dispositifs supplémentaires :

Enfin, avant octobre 2020, les dispositifs supplémentaires étaient différents, selon votre fonction : un PERCO, un PERP, une article 83, ou bien un contrat Madelin, par exemple. Si vous cotisez sur des dispositifs depuis avant cette date, il est possible que vous ayez un contrat en tant que salarié et un autre en tant qu'indépendant. Ces contrats ne clôturent pas, donc vous pouvez continuer d'épargner dessus.

Mais si vous voulez épargner sur un seul compte unique, vous avez la possibilité de transférer votre épargne dans un nouveau produit-épargne retraite lancé en 2019 : le plan épargne retraite (PER) individuel. Que vous changiez de carrière ou que vous arrêtiez l'un de vos activités, vous pouvez épargner sur ce PER. Si vous êtes salarié, sachez qu'il est aussi possible d'ouvrir un compte PER entreprise via votre employeur (selon la convention collective et l'entreprise dans laquelle vous travaillez).

Les deux types de PER vous donnent des avantages fiscaux. En ce qui concerne le PER individuel, jusqu'au 1er janvier 2023, le transfert d'un contrat d'assurance de plus de 8 ans vers un PER individuel donne droit à un double abattement ! Et après ça, les sommes que vous versez dans votre PER individuel au cours d'une année sont déductibles des revenus imposables de cette année. Le plafond de ces déductions fixé est égal au plus élevé des 2 montants suivants quand vous êtes salarié :

  • 10 % des revenus professionnels de 2020, nets de cotisations sociale et de frais professionnels, avec une déduction maximale de 32 909 €,
  • ou 4 114 €si ce montant est plus élevé.

Et il est égal au plus élevé des 2 montants quand vous êtes indépendant :

  • 10 % du bénéfice imposable de 2021, dans la limite de 329 088 € + 15% du bénéfice imposable compris entre 1 et 329 088 €
  • ou 4 114 €+15% du bénéfice imposable compris entre 1 et 329 088 €, si ce montant est plus élevé.

III- Comment ça se passe quand on est à la fois salarié et indépendant ?

Le pluriactif ou slasheur doit cotiser auprès de chaque régime. S'il est indépendant et salarié, il faut qu'il cotise après du régime général, et au régime des indépendants. Si ses revenus d'indépendant sont faibles ou nuls, celui-ci doit atteindre des cotisations minimales afin de valider des trimestres de retraite. Donc, oui, cet individu cotise plus que s'il exerçait un emploi. Mais il touchera aussi plus pour sa retraite !

Si en tant que salarié un individu avait déjà validé 4 trimestres par an, le montant de la pension retraite qui sera versé étant calculé à partir des revenus, les cotisations qu'il verse en tant qu'indépendant peuvent lui permettre de toucher une meilleure pension.

Et si, par exemple, une personne ne valide pas assez de trimestres étant salariée ? Elle peut y ajouter ses trimestres étant indépendante !

Exemple : Jean-Pierre était pluriactif, où il était salarié et indépendant. Il a validé 120 trimestres étant salarié. Mais il lui faut 172 trimestres validés pour avoir une retraite à taux plein. S'il a 52 trimestres validés étant indépendant, il peut cumuler ses trimestres et toucher ce taux plein.

La pluriactivité permet donc pour un individu de se lancer dans une autre carrière en parallèle, tout en bénéficiant des avantages d'un salarié dont un flux constant de revenus et une certaine sécurité.

Actions concrètes après lecture de cet article :