Lorsqu’on évoque la retraite, beaucoup de jeunes femmes ressentent un profond sentiment de désillusion. Cette désillusion est alimentée par plusieurs facteurs : des carrières hachées par des périodes d'interruption, souvent liées à la maternité ou aux responsabilités familiales, une précarité persistante de l’emploi, et des inégalités salariales qui ne se résorbent que très lentement. En France, le constat reste alarmant : selon l’INSEE, les femmes touchent en moyenne une pension inférieure de 40 % à celle des hommes. Un écart qui reste de 28 % après prise en compte des pensions de réversion.

Des carrières marquées par la précarité et les interruptions

Les jeunes femmes d’aujourd’hui évoluent sur un marché du travail où l’emploi stable devient de plus en plus rare. En 2023, près de 1 jeune sur 2 de moins de 30 ans (hommes et femmes confondus) déclarait occuper un emploi non salarié ou à durée déterminée (source : DARES). Chez les femmes, ces formes de contrat sont encore plus fréquentes. L’auto-entrepreneuriat, le travail en freelance, les contrats courts ou les temps partiels choisis – ou subis – sont souvent la norme plutôt que l’exception.

Si ces formes de travail offrent flexibilité et liberté, elles ne garantissent pas une protection sociale solide. Par exemple, une femme qui travaille comme micro-entrepreneuse avec un revenu annuel de 15 000 € ne validera que 3 trimestres de retraite par an, alors que 4 trimestres sont nécessaires pour une année pleine (source : URSSAF, 2024).

Les jeunes femmes aujourd’hui sont sur un marché du travail où l’emploi stable se raréfie. Les contrats courts, l'auto-entrepreneuriat ou le travail indépendant sont souvent la norme plutôt que l'exception. Si ces formes de travail offrent flexibilité et liberté, elles ne garantissent pas une protection sociale solide, ni une retraite sécurisée.

À ces réalités économiques s’ajoutent les interruptions de carrière. Pour élever des enfants, s’occuper d’un parent dépendant, ou faire face à un burn-out, les femmes sont plus exposées à des pauses professionnelles. En moyenne, elles interrompent leur carrière 2,1 fois plus souvent que les hommes. Même si des dispositifs existent – comme les trimestres “maternité” ou la majoration de durée d’assurance pour enfants – leur impact reste limité. Par exemple, un congé parental de 3 ans pour 2 enfants peut entraîner une baisse de pension de 25 à 30 %, selon la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV).

Se préparer et anticiper, malgré les incertitudes

Face à ces défis, il est essentiel que les jeunes femmes adoptent une stratégie proactive.  La préparation à la retraite ne peut plus être une affaire de fin de carrière : elle doit commencer dès les premières années d’activité. Cela signifie à la fois épargner progressivement et s’informer pour mieux anticiper les aléas.

  1. Commencer à épargner tôt, même modestement

L’épargne retraite n’est pas réservée aux cadres supérieurs. Par exemple, un versement mensuel de 100 € sur un PER individuel à 30 ans, avec un rendement net moyen de 4,9%, permettrait de constituer un capital de près de 120 000 € à la retraite. C’est l’effet boule de neige de l’épargne longue, qui bénéficie aux personnes qui commencent tôt. D’autant que pour ceux qui paie des impots, faire des versements sur son PER permet de réduire son revenu imposable, et donc de réduire ses impots. Ce type de dispositif offre aussi une déduction fiscale, ce qui peut améliorer l’effort d’épargne net réel.

  1. Adapter sa stratégie d’épargne à sa situation

Pour une jeune femme en freelance, ouvrir un PER est utile, mais il peut aussi être judicieux de cumuler avec une épargne de précaution – sur un livret ou une assurance-vie – pour sécuriser les périodes creuses. Pour une salariée, profiter de l’épargne salariale (PEE, PERCO) peut offrir un levier complémentaire.

Dans tous les cas, se doter de l’épargne de précaution est nécessaire avant de commencer à investir. Nous conseillons de prendre connaissance des notions d’épargne et d’investissement sur notre guide de l’épargne.

  1. Connaître ses droits et rester vigilante

S’informer régulièrement sur ses trimestres validés, sur les règles du régime général ou complémentaire, peut éviter de mauvaises surprises. L’estimation indicative globale (EIG), disponible sur info-retraite.fr, est un outil précieux, même pour les moins de 30 ans. Trop peu de jeunes y ont recours.

Vers une retraite plus inclusive pour les jeunes femmes ?

La retraite ne devrait pas être une source d’anxiété, mais une étape positive et bien préparée de la vie. Pourtant, pour de nombreuses jeunes femmes, cette perspective reste difficile à imaginer sans changements profonds des mentalités et des politiques publiques.

Il est urgent de réinventer notre système pour mieux refléter les réalités actuelles. Par exemple :

  • Revaloriser les périodes de congé parental dans le calcul de la retraite.
  • Intégrer davantage les temps partiels dans les droits acquis, surtout lorsqu’ils sont subis.
  • Renforcer les mécanismes de solidarité pour les aidantes, souvent invisibilisées.

Des carrières plus flexibles, une meilleure reconnaissance des tâches familiales et une valorisation équitable des parcours atypiques doivent être au cœur des nouvelles réflexions sur les retraites.

Certains pays vont plus loin. En Suède, par exemple, chaque parent peut transférer des droits à pension à l’autre parent après une naissance, ce qui incite à mieux répartir les interruptions de carrière.

En définitive, pour les jeunes femmes, le message est clair : ne pas attendre que les politiques changent pour agir. Chaque euro épargné aujourd’hui est un pas de plus vers une retraite sereine. Cela demande certes un effort, mais surtout une prise de conscience.

La capitalisation n’est pas une baguette magique, mais elle peut devenir un levier d’émancipation, surtout si elle est utilisée tôt, avec cohérence, et comme complément à un système de répartition encore très inégalitaire.

Envie de passer à l’action ? Ouvrez un compte Caravel.