L'AMF (Autorité des Marchés Financiers) en France vient de publier son dernier rapport à propos des Français et des placements responsables. Une étude réalisée par Opinion Way en Juillet 2021 et publiée le 26 Septembre 2021 dont vous trouverez les principales analyses dans notre article. La source des informations présentées est disponible à la fin de l'article.

Les Français prennent en compte de façon significative les enjeux du développement durable

D’une manière générale, 67% des Français déclarent que les enjeux de développement durable sont importants pour eux.

Cela se perçoit en matière d’épargne et de placements pour une proportion supérieure de Français puisque 76% d'entre eux considèrent que les placements financiers ont un impact sur l’environnement.

Les Français attendent donc naturellement plus d’implication et d’actions concrètes de la part des établissements financiers sur ce sujet.

Cependant, seulement 53% des Français prennent en compte les enjeux de développement durable au moment de leur choix en matière d'épargne et de placement.

La sécurité et la rentabilité du produit ainsi que la disponibilité du placement sont les critères de choix principaux en matière de placement, bien avant les dimensions environnementales, sociales ou solidaires.

principaux critères sélection d'un placement

Mais leurs connaissances et l’image des placements responsables qu'ils ont restent flous

C'est un sujet qui reste flou pour une majorité de Français : seule la moitié d’entre eux se sent en mesure, spontanément, de différencier les placements responsables des placements classiques.

48% des Français n’arrivent pas à se prononcer sur la question de leurs avantages et 62% d'entre eux n'arrivent pas se prononcer sur la question de leurs inconvénients. L'étude ne mentionne pas d'ailleurs comment les Français qualifient ce genre de placements.

Il en résulte un manque d'image patent et de compréhension latente puisque 43% des Français n'ont ni une bonne; ni une mauvaise image des placements dits responsables.

Les thèmes en lien avec les placements responsables sont peu connus ou du moins mal connus par le grand public. Et le constat est le même pour les sujets liés à l’environnement et au développement durable puisque 12% des Français n'ont jamais entendu parler de l'empreinte carbone et 38% ne connaissent pas les Objectifs de Développement Durable (ODD).

L'étude montre que 6 Français sur 10 disent connaître l’existence des placements responsables et seulement 1 sur 5 dit connaitre comment il pourrait investir sur ces placements responsables.

Par ailleurs, les placements responsables véhiculent un certain nombre d’idées reçues à combattre et apparaissent toujours, aux yeux de certains Français, comme flous voire en retrait sur des dimensions telles que la facilité de souscription, le risque et la performance.

Voici les principales idées reçues sur les placements responsables mis en exergue dans l'étude.

  • Les placements responsables ne le sont jamais totalement (selon 57% des Français)
  • Les placements responsables sont un phénomène de mode (selon 51% des Français)
  • Les placements responsables sont réservés à des gens qui s'y connaissent suffisamment (selon 50% des Français)
  • Les placements responsables sont réservés aux épargnants qui veulent diversifier leur épargne (selon 50% des Français)
  • Les placements responsables sont destinés aux personnes engagées dans les questions de développement durable (selon 49% des Français)
Dimension prise en compte pour la souscription de placements responsables

L’intérêt porté aux placements responsables est de plus en plus notoire et mais il y a un réel besoin d’information et d'accompagnement

Les placements responsables ou durables sont jugés intéressants par plus de 2 Français sur 5. Les mêmes proportions de Français sont intéressés à l’idée d’en savoir plus sur les différents thèmes en lien avec le développement durable.

Ils souhaitent en savoir plus sur les avantages, inconvénients et impact réel de ces placements et se tournent en majorité vers leurs conseillers bancaires pour obtenir des éléments de réponses à leurs questions.

Interlocuteur privilégié

Même s'ils se renseignent auprès d'eux, l'étude souligne que la souscription à des placements responsables ou durables se fait majoritairement à l’initiative de l’épargnant et que le conseiller est en retrait sur ce point.

Une part significative de détenteurs déclarent d'ailleurs avoir déjà choisi par eux-mêmes des placements qu’ils considéraient responsables ou durables.

La notoriété des placements responsables est globalement peu portée par les labels dont la connaissance est relativement faible. 74% des Français n'ont jamais entendu parler du label ISR et 92% ne lui font pas ou moyennement confiance. Les labels sont discrédités des Français notamment de par leur nombre, trop important, et le flou qu’inspirent leurs principes de gouvernance.

L’extension du champ d’application de l’Ecolabel européen, davantage connu du grand public, pourrait permettre de rassurer les investisseurs potentiels.

A propos des détenteurs déclarés de placements responsables

17% des Français déclarent être détenteurs d’au moins un placement en lien avec le développement durable.

L'étude ne précise pas si le LDDS est considéré comme un placement durable puisque seule une faible part de Français déclarant détenir des produits d’épargne responsable ou durable sait précisément sur quoi est investi son épargne tout en déclarant connaitre précisément cette catégorie de placements.

Qui sont ces Français détenteurs de placements responsables ?
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23% des 25-34 ans vs 16%
- 49% CSP + vs 28%
- 31% de revenus > à 42 K€ vs 21%
- 60% de patrimoines financiers > 30 K€ vs 37%

Le choix d’un placement responsable par ces détenteurs est avant tout motivé par le souhait de favoriser la transition vers une économie durable. Pourtant, ils indiquent ne pas tous avoir connaissance des documentations spécifiques à ce type de placements, ni leur teneur.

Le constat est pourtant favorable : les placements responsables ou durables, une fois détenus, génèrent une satisfaction claire voire intense. Les détenteurs se projettent fortement dans une optique d’accroissement de leur épargne responsable ou durable à court ou moyen terme.

Cette satisfaction élevée amène les détenteurs à placer une part significative de leur épargne dans des placements en lien avec le développement durable puisque ils s’avèrent être en phase avec les aspirations de leurs souscripteurs.

A propos des non détenteurs de placements responsables

Un quart des non-détenteurs seraient prêts à placer une petite partie de leur épargne à court ou moyen terme sur des placements responsables ou durables, mais une petite part de leur épargne (63%).

La nature des placements responsables ou durables pourrait amener une part des intentionnistes à accepter un rendement moindre puisque 58% déclarent être prêts à accepter un rendement moindre pour privilégier un placement responsable ou durable plutôt qu’un placement classique.

Les placements respectant tous les critères ESG seraient privilégiés par les non-détenteurs.

Auprès des Français n’envisageant pas d’investir dans un placement responsable à court ou moyen terme, le manque de moyens apparait comme le principal frein, suivi par le manque de confiance et le manque d’information. La crainte du greenwashing et le manque d’informations quant au caractère réellement responsable ou durable de ce type de placement sont les deux principaux freins cités.

L'étude démontre que davantage d’informations mais aussi de perspectives de rentabilité, le risque de perte et la transparence des placements pourraient convertir les réfractaires.

Le rôle des conseillers et d'acteurs comme Caravel dans l'émergence de placements responsables

L’avis du conseiller demeure, en matière de placement financier, un critère de choix pris en compte par une part importante des épargnants, puisqu'il reste le canal d’information principal des Français en matière de placements financiers (pour 39% des Français) bien avant la Presse (pour 20% des Français) et internet (20% des Français).

L’échange avec le conseiller est souvent bénéfique et 2 tiers des Français trouvent d’ailleurs important d’échanger avec leur conseiller sur la possibilité de réaliser des placements responsables ou durables et seraient désireux d’échanger avec leur conseiller bancaire ou financier sur les modalités de souscription de ce type de placement.

Pourtant, à date, seulement 1 épargnant sur 10 a été amené à répondre à des questions de son conseiller au sujet de ses préférences ESG et la mise en place d’une règlementation encadrant les placements responsables ou durables afin de garantir leur caractère réellement durables ou responsables est également attendue par 51% des Français)

In fine, l'étude a pu établir 5 groupes d'individus / de comportements au sein des Français

Les « Déçus » en quête de rentabilité - 12%

Des épargnants qui, à l’instar de l’ensemble des Français, accordent majoritairement de l’importance à la thématique du développement durable. En revanche, les placements responsables ou durables tel qu’ils les perçoivent actuellement ne les convainquent pas. Cette population, un peu plus âgée que la moyenne des Français, s’avère être bien informée sur la question financière et notamment sur la nature spécifique des placements qu’ils détiennent. Ils sont d’ores et déjà davantage investis que la moyenne des Français sur des placements financiers responsables ou durables et ont eu tendance à davantage s’intéresser au sujet depuis la crise sanitaire. Cependant, leur perception de l’offre actuelle n’est pas positive. En effet, Ils sont davantage critiques sur la rentabilité de ce type de placement (en majeure), son manque de transparence, son positionnement « militant » (selon eux), et sa dimension « effet de mode ». De plus, ils soulignent très fortement le risque de perte que représente ce type de placement, son manque de performance et d’impact réel sur la société et l’environnement. Il en résulte qu’ils sont, à date, moins désireux que la moyenne des Français d’investir à court ou moyen terme dans la finance durable.

Les « Séduits » en quête de transparence – 39%

Davantage convaincus par l’importance des enjeux de développement durable que la moyenne des Français, ce groupe est d’ores et déjà fortement impliqué y compris sur le plan financier. Un peu plus âgée et un peu plus aisée que la moyenne des Français, cette population est davantage informée. Elle est davantage au fait des fonds sur lesquels ses placements sont investis et rassemble en son sein la plus forte part de détenteurs de placements financiers. Leur perception des placements financiers est bonne bien qu’ils aient encore du mal à se positionner fortement du fait d’un manque de visibilité sur la portée de ces placements. En effet, la question de la transparence est un point essentiel pour eux. Cette opacité tend à freiner leur désir d’accroitre leur épargne sur ce type de placements. Qu’ils soient détenteurs ou non, ils attendent d’être rassurés sur l’impact sociétal et environnemental réel de ce type de placement. Ils sont d’ailleurs disposés à faire des compromis sur la question de la rentabilité en contrepartie de l’assurance que les placements responsables ou durables contribuent à faire une différence. Malgré cette réserve sur le manque d’information, ce groupe d’épargnants est le plus désireux d’investir à court ou moyen terme d’investir dans la finance durable.

Les « Idéalistes » en attente d’accompagnement - 7%

Des épargnants qui sont davantage convaincus par l’importance des enjeux de développement durable : ces enjeux qui sont d’ores et déjà très présents dans leur quotidien, leur manière de consommer. Cette population, plus jeune, est sensible aux critères ISR dans ses choix de placement, de manière encore plus marquée depuis la crise sanitaire. Leur perception à l’égard des placements « responsables » ou « durables » est quelque peu idéalisée puisque dénuée des idées reçues qui caractérisent la vision de certains autres groupes d’épargnants : ils ont peu d’a priori sur le risque, la transparence, le coté élitiste et conjoncturelle/effet de mode des placements responsables. Ils souhaiteraient en revanche disposer de plus d’informations sur les types de placement responsables ou durables, le processus de souscription et la performance et estiment qu’il est important pour ces épargnants que les établissements financiers s’impliquent davantage et prennent en compte ces problématiques. Au final, ils sont plus nombreux que la moyenne des Français à envisager d’investir à court ou moyen terme dans la finance durable et en priorité dans des placements respectant tous les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Dans ce cadre, ils soulignent l’importance à leurs yeux du rôle des conseillers et attendent, pour une grande majorité d’entre eux, un accompagnement spécifique de leur part.

Les « Prudents » – 21%

Un groupe d’épargnants qui accorde un peu moins d’importance aux enjeux du développement durable. La crise sanitaire ne les ayant pas amené à revoir leur position. Ces enjeux impactent moins leur façon d’agir et de consommer au quotidien et notamment leur façon d’épargner. En effet, Ils sont moins intéressés par la finance durable que la moyenne des Français. Un peu plus rurale, plus âgés et davantage retraités que la moyenne des Français et, ils disposent également de moins de patrimoine. Dans ce cadre, ils tendent à privilégier les placements traditionnels, les placements sûrs qu’ils connaissent (livrets d’épargne). Ils attendent avant tout d’un placement financier qu’il soit sûr, rentable, disponible et simple. Or, ils ont du mal à positionner les placements responsables et durables sur ces critères. Cette catégorie de placement restant clairement méconnue de ce groupe d’épargnants. Au travers de leurs placements financiers, ils cherchent avant tout à disposer d’une épargne de précaution en cas d’imprévu. Il en résulte que leur manque de connaissance vis-à-vis des placements responsables ou durables, les amènent à écarter ce type de placement : « Dans le doute, on s’abstient » Par ailleurs, Ils associent à la thématique de la finance durable certaines idées reçues quant à l’impact réel de ce type de produits financiers : la dimension « développement durable » serait plus un argument de communication qu’une réalité.

Les « Distants » – 21%

Des épargnants distants face aux enjeux du développement durable et plus encore face à la transposition de ces enjeux dans la sphère financière. Composé d’individus un peu plus jeunes, plus féminins et disposant d’un patrimoine financier moins élevé que la moyenne des Français, ce groupe manque de culture financière et a davantage de mal à se positionner face aux différentes catégories de placements financiers existants et aux différents critères de sélection pouvant être pris en compte. Groupe le moins investi dans la finance durable, leur désir d’épargner à l’avenir dans des placements relevant de cette catégorie est également en retrait des autres groupes d’épargnant. Il ne s’agit pas de réfractaires mais plutôt d’individus dans l’incapacité de se prononcer du fait d’un manque d’information, d’un manque de moyens mais avant tout d’une distance, d’un manque d’intérêt vis-à-vis du sujet « financier » en général.

Sources : Opinion Way pour l'AMF